♢♢ There's no such thing as fate

« Et toi mon gars, tu viens d'où ? » Carter leva la tête, cherchant du regard la provenance de cette voix. Il trouva en face de lui un autre soldat, beaucoup plus vieux. « Caerphilly. Enfin, plutôt Bristol. » Le brun regardait les murs remplis d'affiches en tout genre, allant des aides aux dépendances aux publicités pour associations. C'était son premier rendez-vous chez le psychologue, celui qu'on le forçait à venir voir, suite à sa blessure sur le terrain. L'autre soldat n'eu pas le temps de lui demander autre chose, le psychologue entrant directement après dans la pièce. « Carter Branwell ? » Carter se leva, saluant au passage l'autre soldat. Il suivi le psychologue jusque dans son bureau, se disant toujours que tout ça était une perte de temps ; on lui avait seulement tiré dessus, pourquoi en faire toute une histoire ? « Je lis dans votre dossier que vous avez grandi ici, mais rien en ce qui concerne votre naissance... » « Je suis né à Caerphilly. » Carter venait de lui couper la parole, se mettant directement dans l'ambiance. « Je vois. Et vous pouvez m'en dire plus sur votre famille ? » Carter soupira ; décidément, cela n'allait pas être une partie de plaisir. « Père anglais, mère galloise. Famille nombreuse, je suis au milieu. » Clair, net et concis. De nouveau, Carter regarde autour de lui ; cette fois, plus d'affiches en tout genre, juste des cadres avec des paysages. C'est supposé le détendre, c'est ça ? Le psychologue feuille le dossier pendant plusieurs secondes, avant de le poser sur la table à côté de lui. « C'est douloureux, votre blessure ? » Inconsciemment, Carter jeta un coup d’œil à sa hanche gauche, là où il avait reçu une balle quelques semaines auparavant. Il haussa les épaules. « Ça dépend, des fois oui, des fois non. Au pire, y'a les antalgiques. » Les premières nuits à l'hôpital avait été atroces, impossible de dormir avec une douleur pareille. Carter a longtemps pensé qu'il était arrivé à la fin de ses jours, jusqu'à ce que son état ne s'améliore et qu'on le renvoie en Grande-Bretagne. « Et l'armée, c'était un choix de longue date, ou une impasse ? » « Un peu des deux, on va dire. J'ai jamais été bon à l'école, alors très vite, je me suis intéressé à cette voie là. Une fois la majorité passée, j'ai rejoint une base d'entraînement pour me perfectionner. Puis s'en est suivi des missions, en Afghanistan, au Liban et enfin, en Syrie. » Carter s'étonna lui-même en réalisant qu'il venait de tout déballer, sans broncher. Le médecin aussi semblait surpris. « Ça en fait des voyages. Et votre entourage vous manque pendant ces moments ? » Carter manqua d'exploser de rire devant une question aussi idiote. « Bien sûr qu'ils me manquent. C'est des gens avec qui j'ai toujours vécu et du jour au lendemain, je ne peux plus les voir. Le pire, c'était la dernière mission, c'était tellement le bordel que je n'ai pu contacter personne. Ils me croient sûrement mort à l'heure qu'il est, je n'ai même pas eu le temps de les appeler, j'ai directement été envoyé ici à mon arrivée. » Il avait haussé le ton malgré lui, mais le psychologue semblait habitué à de tels débordements. Pendant six mois, il n'avait pas pu donner de nouvelles à quiconque, pas même à ses parents. Le pire dans l'histoire ? Skeeter, celle qu'il a toujours aimée, se retrouve sans aucun signe de vie, alors que la veille de son départ ils avaient terminé dans le même lit. Que pense t-elle de lui maintenant ? « Ça m'apprendra à ne pas prévenir les autres de mes missions pour ne pas les inquiéter quant à mon départ. » conclu t-il. Il n'en dira pas plus durant le reste de la séance.