♢♢ There's no such thing as fate

"qu'est-ce que tu veux enzo hein ?" qu'est-ce que je veux ? c'est une bonne question. je suis sur que j'aurais pu ressortir un joli discours à ma mère sur ce que je veux, mais avec la drogue dans mon système, j'avais juste rétorqué par un rire. ouais on peut le dire, j'étais pitoyable et ma mère était aux bords des larmes. ce soir mon père n'était pas là. et heureusement pour mes fesses, sinon j'aurais eu le droit à une bonne claque pour être rentré complétement défoncé à la maison. oui car faut pas oublier que notre famille est très pieuse. il faut surtout pas décevoir le christ et il faut surtout écouter ses parents. rien que d'y penser ça me fait rire. je crois que j'ai jamais autant réagis au cannabis de ma vie. c'est plutôt pas mal. sauf que bon, voir ma mère en larmes c'était pas trop mon but. même si j'étais dans le genre plutôt les sentiments loin du coeur et tout le tralala, ça me faisait mal de voir ma mère dans cet état là. en plus ma petite soeur nous observait et j'aimais pas trop quand elle me voyait ainsi... aussi misérable et con. quel bel exemple je faisais. un autre ricanement sort de ma bouche et je me maudis moi-même. je me laisse donc tomber dans le canapé et pose mes pieds sur la table basse devant moi. "enzo réponds moi s'il te plait... pourquoi es-tu ainsi ?" pourquoi ? mmh sûrement car je ne vois pas l'intérêt d'être confiné entre des règles strictes et stupides surtout. mais ça ma mère ne le comprendrait pas. elle a toujours eu sa petite vie parfaite avec mon père et même avant. moi je me sentais comme une bête de foire dans cette famille. vivre en suivant des règles c'était pas moi. alors forcément que j'étais ainsi. "parce que j'ai fumé de la marijuana et que j'ai pris du cannabis ?" réponse très conne et pas utile. mais elle me demandait bien pourquoi j'étais ainsi. elle donnait pas plus de détails alors je pouvais interprété ça ainsi. j'étais dans cet état car j'avais pris de la drogue. pas bien, pas bon exemple du tout. c'est drôle. "et hum je crois que je vais me prendre une bière et aller me coucher. tu sais c'est pas très bien de poser trop de questions à quelqu'un stone. donc je te propose de jouer à la police demain." je hausse les épaules et me lève. ma mère était toujours au même endroit, droite comme un piquet et toujours en pleurs aussi. peut-être que j'aurais dû lui faire un bisous ou la prendre dans mes bras ? mais je n'en voyais pas l'utilité. bientôt j'aurais dix huit ans et je m'en irais d'ici. ça ne sert à rien d'essayer de créer des liens maintenant alors que j'allais bientôt les quitter. je passe donc dans la cuisine pour prendre ma bière et monte à l'étage. ma soeur est repartie en courant dans sa chambre. quand je passe devant celle-ci, je lui dis "je t'ai vu, va te coucher, c'est pas de ton âge ce qui se passe." et c'était vrai. elle était encore jeune et innocente. elle avait pas besoin d'écouter tout ce qui se passe avec moi. y'a que des mauvais trucs de toute façon. elle a pas besoin de moi comme exemple. je rentre donc dans ma chambre et me jette sur mon lit. pendant quelques secondes je reste ainsi sans rien faire, puis j'ouvre ma bière.

♢♢ You're dead to me

je suis sur le cul, ma cigarette à la main entrain de se consumer toute seule. "je compte garder le bébé... tu sais que c'est pas dans ma culture de faire mourir quelqu'un par égoïsme et puis..." la suite m'est complétement incompréhensible. enfaite, je ne la suis plus du tout, j'ai arrêté de l'écouter quand elle m'a annoncé qu'elle était enceinte de moi. du moins elle pense l'être de moi... est-ce que j'en suis vraiment le père ? après tout je couche avec tellement de femmes et à ce que j'ai cru comprendre, elle aime bien aussi varier ses plats alors pourquoi moi ? pour une fois je me mets à la place de ma mère qui a dû se poser des millions de fois cette question. pourquoi moi ? et puis c'est quoi ce truc qu'elle veut garder le bébé ? ok, elle est dans le genre hippie, paix dans le monde entier mais je veux pas qu'elle le garde. je veux pas d'un enfant, pas maintenant bordel. c'est à peine si j'arrivais à nourrir ma bouche alors avec un bébé ? impossible. c'est hors de question qu'elle le garde. "non tu dois avorter." c'est pas moi ça. je suis pas un mec pour ça. il lui faudra une mère disponible et idem pour le père. sans compter les couches culottes, les nuits blanches et tout le tralala qui s'accompagne. bordel qu'est-ce que je vais devenir ? pas le temps de penser que je me reçois une claque dans la gueule qui me ramène tout de suite sur terre. "comment tu peux dire ça ?! une vie ça compte pas pour toi ? t'es vraiment qu'une ordure enzo !" ouais je le suis. pour la première fois de ma vie je baisse les yeux devant une autre femme que ma mère. je peux rien dire. elle a raison. je m'en fiche du truc qu'elle a dans le ventre. il n'a pas d'importance pour moi. tout ce que je veux c'est réussir, m'en sortir et c'est pas un gosse qui va m'aider. "ouais je suis une ordure, un monstre même. donc tu me verras plus, je vais disparaitre de ta vie et je ne vais jamais voir ce bébé. tu diras que son père est mort ou x connerie dans le genre parce que moi j'en veux pas !" ses yeux se remplissent de larmes et je m'en veux d'avoir été aussi sec. mais c'est la vérité. j'en veux pas. à vingt et un ans vous avez autre chose à faire que de jouer les nounous ou papas. même si ça la fait souffrir, je peux rien pour elle. de toute façon il vaut mieux qu'elle me déteste. c'est mieux ainsi. du coup je me reçois une deuxième claque. "tu mérites pas de vivre ! j'espère que tu le paieras un jour !" sur ça elle s'en va en courant, me laissant seul dans mon petit studio. c'est fait au moins... peut-être que j'aurais dû lui donner un peu d'argent. quoi que avec ce que j'ai elle ne pourra pas en vivre. m'enfin, elle s'en sortira bien. c'est ce qu'elles font toujours de toute façon.