♢ Cameron est l'arrière-petit-neveu de feu le Duc Colton de Somerset. Son arrière-grand-père, Byron de Somerset était le frère ainé de ce dernier. Prédestiné à devenir le prochain Duc, le père de famille décédera prématurément lors d'une mission particulièrement mal orchestrée, au cour des combats de la Première Guerre Mondiale. Par conséquent, son cadet héritera du titre et de la fortune familiale, en profitant pour donner naissance au premier Aéroport de Bristol. ♢ On peut imaginer que c'est de cet aïeul, que Cameron a hérité sa passion pour l'aéronautique. En effet, s'il n'est pas particulièrement épanoui dans son travail de bureau, le jeune directeur n'en passe pas moins des heures à observer les pistes de son petit aéroport. Il connait chaque type d'avion existant et suffisamment de compagnies aériennes pour vous faire tourner la tête. ♢ Ironiquement, Cameron n'utilise que très rarement son splendide jet privé. Non pas qu'il ne cherche à préserver la couche d'ozone - quoi que? - mais, si ce n'est pour les affaires, il voyage très peu. Bien qu'il en ait les moyens, ses dernières vacances touristiques remontent à sa pré-adolescence, une époque à laquelle sa mère insistait encore pour déloger le Duc de son bureau. ♢ Le comble étant très probablement le fait qu'il parle de nombreuses langues étrangères (Du français au chinois, en passant par le russe.), malgré certaines difficultés chaque fois qu'il aura voulu se lancer dans ce type d’apprentissage. En effet, s'il est cultivé et diplômé avec les honneurs, Cameron n'a jamais fait parti de ses personnes à qui l'action d'apprendre ne demande aucun effort. ♢ Par ailleurs, s'il avait écouté son coeur, plutôt que son géniteur, ce n'est pas vers l'administration de l'aéroport que l'héritier se serait tourné pour faire carrière. Au cour de ses études à Cambridge, Cameron a découvert qu'il aimait la Justice. Son rêve aurait été de poursuivre en tant qu'avocat, puis de devenir juge cependant, nombreux étaient ceux à le voir échouer. "Trop droit.", semblant être l'argument redondant. ♢ En effet, Cameron a été éduqué d'une façon et n'a jamais appris à s'en détourner. Il suit les règles. Il obéit à son père. Il fait pour le mieux. Il se montre juste et impartial. En bref, il agit tel un robot humanoïde ou un être sans la moindre aspiration personnelle - les trois quart du temps. D’où l'origine de son surnom, Charming, faisant référence à l'allure passive et prévisible des princes dans les dessin-animés de Walt Disney. ♢ S'il possède nombre d'atouts du Prince Charmant, il ne sait point dénicher les princesses. Peu enclin à multiplier ses relations, la majorité des demoiselles qu'il aura fréquenté se sont révélés être d'hideuses sorcières, cruelles et manipulatrices. Sexuellement parlant, le terme pansexuel, lui conviendrait peut-être mieux qu'hétérosexuel. ♢ Cameron est allergique à la plupart des animaux de compagnies traditionnels, à son plus grand damne. ♢ La traditionnelle "chasse à courre" le révulse et il s'agit probablement de l'une des rares demandes de son père, auquel il n'a jamais cédé. ♢ Il a pratiqué de nombreux sports (De l'escrime au Tennis, en passant par le football.) jusqu'à sa majorité mais, ne possède que peu de temps pour s'y adonner aujourd'hui ; ce qu'il regrette.

La journée la plus froide que la ville de Bristol eut connu cet automne n'allait pas tarder à tirer à sa fin. Le soleil avait d'ores et déjà entamé sa descente, ses rayons semblait-il inefficace face à la fraicheur ambiante. Nombreux étaient les habitants qui avaient préféré trouver refuge à l’abri de leurs demeures ou à l’intérieur des cafés, dans le but de se réchauffer à l’aide d’une boisson chaude. Certains courageux néanmoins, terminaient avec soulagement leur dure journée de travail. Souvent pour mieux se confronter à la dure réalité du trafic routier de cette soirée. Mais, pour d’autres encore, les festivités ne faisaient que commencer. Au sein de cette dernière catégorie comptait Cameron, fils du Duc de Somerset, qui pourtant ne rêvait que d’un repas chaud et de la douceur de ses draps. En effet, le jeune directeur revenait tout juste d’un voyage d'affaire, ayant conduit ses pas jusqu’à la Capitale. Un trajet inconséquent, si ce n’était pour la compagnie éreintante de ses interlocuteurs et la masse de travail, qui n’avait été accompli qu’à la condition qu’il la porte en solitaire et à bout de bras. Cependant, la réalité le rattrapa presque aussitôt qu’il eut franchi le seuil de sa demeure, en la personne de son majordome. Emmett Paddington était un être singulier, ayant développé l’art d’exécuter ses tâches avec application mais surtout, avec un humour décadent et souvent, purement paradoxal à sa fonction. « It’s good to see you, Sir. Even if you look awful. », salua-t-il l’héritier, avant d’aider le concerné à retirer son manteau. Par ailleurs, ce dernier ne porta aucune attention à la boutade, préférant se diriger vers le grand escalier menant au premier étage – non sans avoir accordé une sourire fatigué et une tape amicale sur l’épaule de l’autre homme, lui communiquant ainsi son bonheur de se retrouver chez lui. Le vêtement pendu à l’un de ses bras, le domestique emboita le pas à son employeur. « I'm afraid, your routine will have to be disrupted, Sir. », reprit Emmett, anticipant les actions du blond, qu’il connaissait pour ainsi dire par cœur. Cette note arracha un haussement de sourcils à Cameron, qui reporta son attention sur son compagnon, sans pour autant stopper sa progression. « We have a special guest. », clarifia l’ainé, observant la réalisation se peindre sur le visage du jeune directeur. En effet, le Duc de Somerset, avide d’embellir son image, accueillait chaque année, et ce depuis près de quatre ans, un orphelin – ou une orpheline – sous son toit, le temps des fêtes hivernales. Une période durant laquelle Cameron se voyait dans l’obligation d’enfiler une seconde casquette et de devenir le babysitteur de cet enfant, dont son cher père ne partageait la compagnie, qu’en celle des médias. Un soupire résigné s’échappa des lèvres de l’héritier avant qu’il ne prenne finalement la parole : « I'm gonna go take a shower first. And then, I’ll meet them. » A ses côtés, Emmett acquiesça d’un signe de tête. « It’s a girl. Quite original, I must add. » Il s’arrêta en haut des marches, rapidement imité par son compagnon. « What do you mean ? », l’interrogea ce dernier. « She is… playful ? », répondit le majordome, faisant mine de chercher ses mots et arrachant un faible rire à son cadet. « Playful ? Aren’t all children ? », ironisa Cameron, bien trop épuisé pour prendre un tel avertissement en considération. « Don't worry, Emmett. I’ll manage, as always. », ajouta-t-il. Suite à quoi, le blond ne laissa point le temps à son vis-à-vis d’ajouter quoi que ce soit, le quittant pour retrouver ses appartements. Néanmoins, il ne s’attendait très certainement pas au spectacle qu’il découvrit en poussant la porte de sa chambre à coucher. Une jeune femme se trouvait sur son lit, ou plus exactement, avait transformé le matelas king size en trampoline, sur lequel elle bondissait avec un entrain non-dissimulé. La radio hurlait l’une des dernières chansons à la mode, reprise avec plus d’enthousiasme que de talent par l’inconnue. Tandis que couvertures et oreillers jonchaient le noble parquet, qui habillait le sol, rendant la scène d’autant plus surréaliste aux yeux de Cameron. Cependant, ce dernier n’était pas au bout de ses surprises. En effet, il fallut encore de longues secondes à l’adolescente pour le remarquer, mais la réaction qu’elle eut une fois cela fait était loin de celles que le jeune directeur aurait pu imaginer. Debout sur le lit, elle le dévisagea avec curiosité et laissa son regard parcourir sa silhouette sans une once d’embarras – provoquant celui du blond. Puis, un sourire presque carnassier vint étirer son joli visage, accentuant le malaise de Cameron. « Who are you ? », trouva-t-il néanmoins, le courage d’articuler. Dans un premier temps, la brunette se contenta de se laisser tomber sur les fesses, pour finalement quitter son aire de jeu et s’avancer vers le propriétaire des lieux. « Anyone you want me to be. », répliqua-t-elle ensuite, non sans aplomb. À nouveau, une expression choquée s’empara des traits de l’héritier, tandis que son interlocutrice battait des cils, d’une façon qui se voulait très certainement séductrice mais, ne fit qu’ajouter à l’hébétement de son vis-à-vis. « Excuse me ? », souffla celui-ci, comme pétrifié sur le pas de sa porte de chambre. Il n’obtint alors aucune réponse, Emmett les rejoignant, après avoir déposé le manteau de son cadet à la laverie. « Sir, you – Oh. I see you’ve met, already. », constata le domestique, en prenant conscience de la situation. « I wouldn’t say that. », rétorqua Cameron, reportant son attention sur son employé. Ce dernier ne se démonta pas devant le regard inquisiteur de son employeur. « Sir, let me introduce you to your father guest, Miss Mathilda. Miss, Lord Cameron of Somerset, the owner of this room. » Cette nouvelle information ne fit rien pour arranger l’état de confusion dans lequel se trouvait le susnommé. Ordinairement, les orphelins choisis par son paternel arboraient moins d’une petite dizaine d’années et étaient encore plus réservés que l’héritier lui-même ne pouvait l’être. Or, Mathilda ne pouvait avoir moins de seize ans et possédait clairement un caractère bien trempé. « Oh. Can I have it ? It’s look so much better than the one the Duke gave me… Or we could share it ? », intervint l’adolescente, dont les propos firent pâlir le fils de son hôte. « No ! », s’insurgea-t-il, son expression mi choquée, mi outrée. « Dude ! No needs to howl ! », commenta la brunette, avant de se diriger vers la sortie. « If you need me, I'd be in my tower ; watching my hair grow and talking to mice. » Cameron était sur le point de lui répondre qu’il n’y avait aucune souris dans les parties habitables du manoir mais, resta muet en sentant l’une des mains de la demoiselle s’attarder un bref instant sur son postérieur. Tendu, il l’observa s’éclipser – non sans qu’elle ne lui ait adressé un clin d’œil appuyé. Un raclement de gorge de son majordome fut ce qui le tira de sa transe et, une fois n’est pas coutume, il n’hésita pas à fusiller ce dernier du regard. « Playful ? », lâcha-t-il, exaspéré. Cependant, son interlocuteur se contenta d’acquiescer, semble-t-il imperturbable. « Yes, Sir. »