Cela aurait dû être une journée ordinaire, un jeudi comme les autres. Pourtant ce jour-là Tessa avait amené son bébé à l’agence immobilière puisque la nounou avait annulé au dernier moment. Le pire ce n’était pas d’avoir Jamie au travail, non, tous les employés étaient complètement sous le charme. Le pire c’était lui : Silas, son ex mari. Tessa dû faire appel à toutes ses forces pour ne pas lâcher son enfant lorsqu’elle le vit entrer l’air de rien. «
Sarah, est-ce que je peux te laisser Jamie un instant ? » L’intéressée accepta avec plaisir tandis que la jeune mère allait déjà à la rencontre de celui qu’elle n’avait pas revu depuis de longues années. A vrai dire la dernière fois qu’ils avaient été dans la même pièce était mémorable. Une énorme dispute avait éclatée car Silas était obsédé par l’affaire concernant le meurtre de son père, allant même jusqu’à jouer dans l’illégalité et par la même occasion complètement délaisser sa femme. «
Silas ?! Qu’est-ce que tu fiches ici ? » s’enquit-elle les bras croisés sur poitrine. Hallucinée, furieuse, paumée ? Elle durcit ses traits lorsqu’un sourire insolent se dessine sur les lèvres de celui qu’elle avait un jour aimé. «
Quoi, ça te surprend autant que ça de me revoir à Bristol ? C’est une ville qui me tient à cœur et on m’a offert une belle place dans le commissariat du coin alors je cherche à me réinstaller ici. ». «
Pardon ? T’installer ? Tu n’as pas le droit. »répond-elle plus sèchement qu’elle ne l’aurait souhaité. Le revoir ici faisait remonter de vieux souvenirs et elle en était sûre, Silas ne pouvait être qu’une menace à son bonheur actuel. «
Je serai curieux de connaitre tes arguments, tu as du temps devant toi ? J’ai l’impression que tu aurais bien besoin d’un verre ou deux. » Tessa jeta un œil à son fils, sa chair et son sang. Un enfant qu’elle avait toujours refusé à Silas de peur de devoir l’élever seule. «
Evidemment tu débarques ici comme une fleur, tu t’attendais à quoi Silas ? Aujourd’hui je ne peux pas… » A la manière dont son ex observa son fils, Tessa se sentit presque coupable d’avoir été capable de refaire sa vie avec un autre. «
Il est mignon, je préfère penser qu’il tient de sa mère. » «
Crois-moi il tient de son père. »
«
Si tu souffres de ma présence, ne te gêne pas pour me le dire. Les années ont passé mais, tu es toujours la même : frigide. J'espère que ton nouveau mari a reçu l'mode d'emploi parce qu'il va vite déchanter. » Outrée, elle s'insurge. Elle sait bien qu'il cherche à la faire réagir mais il était comme ça: capable de la rendre folle. «
Tu me reproches d'avoir refait ma vie ? » elle crache. Tessa n'en revienait pas d'avoir été mariée avec lui et se félicitait même de s'être éloignée de cet homme qui préférait s'acharner sur son travail plutôt que d'accorder du temps à sa femme. «
Je te reproche d'être comme tu es. Incapable de pardonner. Tu cours après un idéal qui n'existe pas. Ton idéal, il est pas sur terre. Tu rêves d'un impossible alors que tu pourrais vivre dans le possible. Il est comment ? Est-ce que au moins, il est patient ? Est-ce qu'il est présent ? Il fait quoi dans la vie ?» Dos au mur, elle ne voulait pas laisser exploser sa colère et faire une scène alors qu"ils n'étaient pas seuls. «
Va t'en. Ca allait très bien jusqu'à ce que tu te ramènes. Tu joues à quoi au juste ? Reste loin de moi, c'est là que je te veux.»
Les jours défilent puis le destin les réunit, elle, dans son immeuble à lui. Elle s'apprête à préparer la visite d'un appartement et ne s'attendait certainement pas à le retrouver ici, descendant les escaliers alors qu'elle les monte. «
Ne me dis pas que tu avais affaire, ici.» dit-elle dans un soupir désespéré alors qu'un sourire se dessine insidieusement sur les lèvres de Silas. «
Je crèche dans un appart', trois étages plus hauts, figure-toi.» Il entreprend de continuer sa course mais cette fois-ci le schéma s'inverse: elle après lui. Tessa lui agrippe le bras. «
Tu me fais marcher ? » «
A ton avis ?». Son regard se perd en elle, la scinde, l'ensorcelle. Instinctivement, la main de Tessa vient plaquer cette boucle rebelle qui retombe sur son front, comme avant. Ce geste, l'ancienne elle avec l'ancien lui. Pulsion violente, il s'empare de ses lèvres et presse son corps contre le sien. Il se fraye un chemin jusque son fessier alors qu'elle explore de ses mains, la peau cachée par la chemise qu'il porte. Horrifiée elle s'éloigne, rompant le lien. «
Saloperie. T'en profites, imbécile. Je t'ai dit de ne pas t'approcher de moi. Je suis mariée maintenant. Je suis fidèle et tu le sais. » «
Je m'en branle, Tess'. Tant que tu m'es fidèle, c'est tout ce qui m'importe.»